Robert DESNOS (1900-1945) - Lot 165

Lot 165
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15000 - 20000 EUR
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Robert DESNOS (1900-1945) - Lot 165
Robert DESNOS (1900-1945) 9. Suivrez-vous Rrose Sélavy au pays des nombres décimaux où il n’y a décombres ni maux ? 1926 Huile sur toile, signée, datée et dédicacée à Germaine Decaris en bas à droite et titrée en bas à gauche. 46 x 38 cm Provenance : Germaine Decaris (1899-1955), journaliste, militante socialiste-communiste, pacifiste, proche des surréalistes. Son amitié avec Robert Desnos est confirmée par des éléments de correspondance et un article paru dans Soir le 18 juin 1928 au sujet du film L’Étoile de mer de Man Ray, illustrant un poème de Robert Desnos (1928, 15 min). Notre tableau est un véritable manifeste, opérant une synthèse entre poésie et peinture. Sa date de réalisation et l’extraordinaire allusion à la figure de Rrose Sélavy (personnage féminin fictif créé par Marcel Duchamp en 1920), nous projettent au cœur de l’avant-garde surréaliste, cent ans après ! La toile illustre l’aphorisme interrogateur Suivrez-vous Rrose Sélavy au pays des nombres décimaux où il n’y a ni décombres ni maux ? Ces vers sont issus du recueil de Desnos, Corps et biens, édité en 1930 et composé de poèmes écrits entre 1919 et 1929. Cette publication résume dix ans de travail de Robert Desnos avec les surréalistes, jusqu’à la rupture avec André Breton et questionne la matérialité, le désir, les corps. Les poèmes de la section Rrose Sélavy, auraient été initiés par les séances d’écriture automatique sous hypnose des surréalistes, auxquelles Desnos participe pour la première fois le 25 septembre 1922, dans le bar Certa à Paris, avec entre autres René Crevel, Benjamin Péret, André Breton… Corps et biens compte cent-cinquante écrits sur Rrose Sélavy, qui allient aphorismes, jeux de mots ou contrepèteries. Celui qui nous intéresse est le n° 9 : Rrose Selavy 1. Dans un temple en stuc de pomme le pasteur distillait le suc des psaumes. 2. Rrose Sélavy demande si les Fleurs du Mal ont modifié les mœurs du phalle : qu’en pense Omphale ? 3. Voyageurs, portez des plumes de paon aux filles de Pampelune. 4. La solution d’un sage est-elle la pollution d’un page ? 5. Je vous aime, ô beaux hommes vêtus d’opossum. Question aux astronomes 6. Rrose Sélavy inscrira-t-elle longtemps au cadran des astres le cadastre des ans ? 7. Ô mon crâne, étoile de nacre qui s’étiole. 8. Au pays de Rrose Sélavy on aime les fous et les loups sans foi ni loi. 9. Suivrez-vous Rrose Sélavy au pays des nombres décimaux où il n’y a décombres ni maux ? 10. Rrose Sélavy se demande si la mort des saisons fait tomber un sort sur les maisons. 11. Passez-moi mon arc berbère dit le monarque barbare. 12. Les planètes tonnantes dans le ciel effrayent les cailles amoureuses des plantes étonnantes aux feuilles d’écaille cultivées par Rrose Sélavy. 13. Rrose Sélavy connaît bien le marchand du sel. […] Parmi tous ces écrits, la phrase de notre tableau semble se distinguer des autres en raison de sa présence sur les fascicules d’abonnement de la revue surréaliste Littérature, créée par Breton, Aragon et Soupault en 1919. Dans l’ouvrage collectif sous la direction de Marie-Claire Dumas, Robert Desnos, Écrits sur les peintres, Paris, Textes/Flammarion, 2011 (pour l’édition consultée), un ensemble de dessins de Desnos est reproduit provenant pratiquement tous de la Bibliothèque Jacques Doucet. Si l’autrice indique que : « d’après André Breton, dans le Manifeste du Surréalisme, Robert Desnos se déclarait incapable de dessiner, du moins à l’état de veille », elle doute de cette affirmation, toute en insistant sur la période des sommeils hypnotiques (fin 1922 -début 1923) dont les créations d’une grande étrangeté surent retenir l’attention d‘André Breton, tout en précisant que « l’activité dessinatrice de Desnos se poursuivit avec des inventions variées, jusqu’en 1928 ». Dans la cinquantaine de dessins de tous formats (certaines feuilles crayonnées sur des morceaux de nappes de restaurant) référencés dans ce livre, seuls trois (8), (9), et (11) voient s’entrelacer des aphorismes de Rrose Sélavy. Les tableaux de Robert Desnos, fragile témoins de son aventure surréaliste, sont rarissimes ; nous avons repéré trois toiles conservées dans les collections publiques françaises, Sans titre, 1928, au Musée des Beaux-arts de Reims, acheté par préemption en vente publique à Drouot en 2007 et deux toiles plus tardives La Lune et le Soleil ou Le couple astral de 1935 (provenant de l’ancienne collection Youki Desnos) et Le livre secret pour Youki, appartenant aux collections de la Bibliothèque Jacques Doucet à Paris. En Allemagne, la Kunsthalle d’Hambourg abrite La mort de Max Ernst de 1923. Notre tableau unique et complétement inédit, semble donc être la seule peinture de Robert Desnos offrant une référence textuelle directe à un de ses poèmes durant la phase la plus intense du sur
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