Auguste Rodin (1840-1917) - Lot 38

Lot 38
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Estimation :
350000 - 400000 EUR
Auguste Rodin (1840-1917) - Lot 38
Auguste Rodin (1840-1917) L’Âge d’Airain, petit modèle dit aussi deuxième réduction Plâtre original créé entre 1875 et 1877, cette version obtenue par réduction en novembre 1904 ; notre épreuve fondue en novembre 1945 Bronze à patine brun-noir nuancé Signé " Rodin " à droite de la terrasse Porte la marque du fondeur " ALEXIS. RUDIER. FONDEUR. PARIS " à l’arrière à droite et le cachet " A. RODIN " à l’intérieur Dim. 64,6 x 24,2 x 18,8 cm Provenance: Musée Rodin, Paris ; Collection privée, France ; Commerce de l’art, Paris L’Âge d’Airain est sans aucun doute l’une des œuvres les plus emblématiques d’Auguste Rodin. À travers l’art déjà maîtrisé du modelage, le savant jeu d’ombre et de lumière et l’émotion intériorisée de cette œuvre du début de sa carrière, tout le génie du futur « Maître de Meudon » est déjà là. Le jeune praticien du célèbre Albert Carrier-Belleuse (1824-1887) qu’il a suivi à Bruxelles en 1871, s’efforce, à travers cette sculpture, de s’extraire de l’empreinte de son mentor et de faire valoir ses propres créations. Le plâtre original de ce nu masculin est présenté pour la première fois à Bruxelles en janvier 1877 avant d’être en- voyé à Paris pour le Salon de mai 1877 (Salon auquel il ne participe alors que pour la deuxième fois, son marbre de l’Homme au nez cassé en 1875, n’ayant pas eu la réception espérée). L’œuvre, d’abord intitulée Le Vaincu, puis L’Homme qui s’éveille et enfin L’Âge d’Airain, y déclenche un véritable scandale tant elle est singulière, vivante, d’un tel réalisme que les membres du Jury accusent l’artiste de l’avoir moulée sur nature. En réalité, Rodin a transposé les leçons apprises à la vue des œuvres de la Renaissance et de Michel-Ange qu’il a admirées lors de son séjour à Florence l’année précédente, en 1875. Le naturalisme, la vitalité, la précision anatomique de L’Âge d’Airain déconcertent le jury du Salon et le public habitués à l’académisme qui prédomine en cette fin de xixe siècle. Il retranscrit aussi magistralement, dans la représentation grandeur nature du soldat et télégraphiste belge, Au- guste Neyt, les tourments de l’âme humaine en échos à la déroute française dans le contexte troublé post-guerre Franco-Prussienne. À travers cette œuvre, il illustre plus universellement l’éveil d’un jeune homme aux affres de l’histoire qui le précède et à l’incertitude de son avenir. Le scandale du Salon qui aurait pu briser sa carrière d’artiste avant même qu’elle ne naisse, le pousse à se dé- fendre. Secouru par Carrier-Belleuse, témoin de la genèse de l’œuvre il est finalement lavé de tout soupçon et l’œuvre enfin reconnue pour ses qualités exceptionnelles et innovantes. L’État l’acquiert pour la somme de 300 Francs et en commande une version en bronze à Thiébaut-frères en 1880. Le chef-d’œuvre est placé dans les Jardins du Luxembourg en 1884. À notre connaissance, l’œuvre, dans ces dimensions (H. 64,4 x L. 24,6 x P. 19 cm), a été éditée en bronze par Alexis Rudier en dix-sept exemplaires : cinq vers 1907 et douze de 1918 à 1945 (dont le nôtre). À partir de 1945 Georges Rudier en édite encore six exemplaires. Cette œuvre sera incluse au Catalogue Critique de l’œuvre Sculpté d’Auguste Rodin actuellement en préparation à la galerie Brame & Lorenceau sous la direction de Jérôme Le Blay sous le numéro 2018-5872B. Littérature en rapport Antoinette Le Normand-Romain, Rodin et le Bronze, catalogue des œuvres conservées au Musée Rodin, RMN, Paris, 2007, pp.121-129.
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